Lorsque nous rencontrons quelqu’un, d’une manière telle qu’un intérêt est suscité comme celui de deux chiens qui se renifleraient le derrière, quelque chose se produit. Il est aisé de reconnaître ce genre de situation galvanisante, qui nous transforme, fait de nous quelqu’un de mieux, drôle, peut-être même beau. Dans une soirée, sur un court de tennis, dans une piscine municipale, ou près d’une boulangerie. Simplement, on sent un regard particulier qui ne trompe personne, et aussitôt une agréable pression boue, tranquillement, du fond des entrailles jusqu’à la gorge. Je ne souhaite à personne que cela se passe vers le bas. Généralement, on réalise à quel point cette situation existe bien lorsque la personne que l’on nommera Félix s’éloigne. Félix quitte le reste des troupes, et quelque chose dans notre anatomie se défait, si ce n’est le sourire, du moins la petite euphorie qui animait jusqu’alors notre attitude.
Si quelqu’un, lors d’une après-midi entre amis ou d’une soirée, s’en va et que cela vous broie quelque chose derrière le sternum, alors vous avez trouvé votre Félix.
Bien sûr, l’intérêt de votre Félix n’est pas le travail de l’intervention divine, pour cela, il est préférable d’être plutôt sympa, porter un mini short Adidas ou encore des talons un peu trop hauts. Pour parler de tout ceci, rien de tel qu’un fond sonore Madonnien. Je n’ai plus de vin blanc, mais un fond de rosé quelque part, cela implique de passer l’obstacle paternel qui ne comprendrait pas pourquoi sa fille irait se chercher un ballon de rosé à minuit et demi. Nous nous contenterons de Madonna. Comme elle, nous chevaucherons un taureau mécanique par les deux cornes pour déchiffrer cette étrange alchimie qu’est la rencontre inespérée.
Vous noterez que cette première rencontre tient ses promesses et dévoile sa nature véritable lorsque l’on voit que ce qui s’apparente être un Félix fait, le plus naturellement du monde, tout pour que vous le revoyiez. Bien sûr, il est impératif de réaliser très vite qu’il s’agit bien de vous voir vous, au détour d’une autre, et non l’inverse, ou le voyage retour sur la planète Terre sera douloureux.
Lorsque l’étape de l’identification de la situation est franchie (Félix vous aime bien, il vous fait venir le voir courir sur un terrain dans sa plus grande forme et joue son Monsieur Darcy pour les plus chanceuses), la suite des événements dépend finalement du tempérament de chacun. Et la phase suivante est bénie par toutes nos nouvelles technologies.
MAIS
(et ça, c’est du gros mais)
A cette nouvelle rencontre, je ne demanderais qu’une chose ; la désacraliser. Une rencontre avec un Félix ne doit pas, quelque part dans l’un des recoins de notre crâne, être porteuse de plus de symbolisme que ce qu’elle symbolise réellement ; la rencontre. Beaucoup d’autres Félixs croiseront votre chemin, si chacun devait se transformer en un culte, alors vous seriez mariées à quelques vingtaines de Félixs. Avant même l’implication, il faut favoriser l’insouciance, conserver cette légèreté, et l’inconnu, à moins d’être sûre de pouvoir concrétiser s’il est votre voisin, du moins s’il ne vit pas à plus d’une soixantaine de kilomètres de chez vous (Paris est à soixante kilomètres de chez mes parents, si je m’interdis tous les Parisiens je serai vraiment dans la merde). Une, peut-être plusieurs rencontres que nous ferons dans nos vies, de quelque nature, bouleverserons d’une certaine manière le bon déroulement de notre bobine, simplement il faut savoir les distinguer les unes des autres et surtout en distinguer l’échelle de Richter.
Comment distinguer les rencontres importantes de celles qui ne nous feront que changer de trottoir ?
have-you-met-c(ou)c? 