Le Sportif du moment,

Le skieur moulé.

En cette joyeuse période hivernale, soldée par une neige tardive qui surprend tout le monde exceptés nos amis cervidés des montagnes, les championnats du monde de ski alpin sont à l’honneur sur les chaînes de sport de Canal Sat. Parmi les sports d’hiver, je pensais n’apprécier que les épreuves de ski alpin, comme le Super G, le slalom géant ou le combiné.

Avec le saut à ski – discipline pour laquelle j’éprouve une fascination qui m’effraie étant donné qu’elle consiste en un frisson me saisissant à la seule pensée que le skieur risque la mort – je ne suivais pas grand chose des sports d’hiver. Pour tout vous dire, je me fichais même carrément des JO de Sotchi l’année dernière.

Je ne portais donc pour ainsi dire aucun intérêt au ski de fond, domaine pour lequel je ne disposais que de l’image mentale de skieurs baveux au bord de la mort après avoir passé la ligne d’arrivée.

Sponsorisé par Kleenex.
Sponsorisé par Kleenex.

Je ne peux affirmer une soudaine passion pour l’effet skieur escargot. En revanche, je suis devenue plus ou moins fane de Martin Fourcade (dont le volume de bave reste somme toute tout à fait acceptable) et de ses performances cet hiver ; j’ai donc passé mon mois de vacances (comment ça, un mois?) en décembre à suivre des épreuves de biathlon diverses et variées, portant des noms que je ne comprends pas toujours ; autant de mots compliqués pour finalement voir de grands messieurs en combinaison se presser sur leurs skis.

Pô tout compris.
Pô tout compris.

Un peu facile d’apprécier ce jeune homme plutôt seyant, me direz-vous : il rafle presque toujours l’une des trois premières places – et bien souvent la première – au grand dam de son copain norvégien (mais non, pas copain comme ça) Johannes Boe, ce dernier étant par ailleurs un être exceptionnel puisqu’il est né deux jours avant moi seulement.

Mais revenons à Martin. Ce dernier se réjouit à l’occasion d’une interview pour 20 minutes (tu la sens là, ma référence journalistique intellectuelle?) d’être l’un des athlètes les plus « recherchés sur google » en 2014 ; un succès connecté dû notamment à ses résultats aux Jeux Olympiques de Sotchi, puisque Martin nous a ramené deux médailles d’or en poursuite et une médaille d’argent pour la mass-start. Dans cette même interview, l’athlète se satisfait d’être la cible de recherches aux critères sportifs, et non people. Mais ça, Martin, c’était avant que je ne te regarde tirer sur tes petites cibles pendant tout l’hiver, allongé contre la neige toute froide et toute mouillée dans ta combi bleue trop moulante pour ignorer ton imposant paqu* talent. Enfin, j’ai un peu honte de mes recherches google, quelques fois.

Y'en a un qu'a bin dû rétrécir.
Y’en a un qu’a bin dû rétrécir.

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En suivant ces étapes en décembre, je pensais tenir le programme idéal afin de pouvoir avancer des dossiers pour la fac. Que nenni, devinerez-vous ; je ne quittais pas l’écran télé des yeux. Les épreuves de biathlon sont des courses haletantes au cours desquelles un tir manqué peut coûter une première place, par le système de pénalités. Autrement dit, les skieurs doivent être à la fois rapides et endurants, mais également capables de maîtriser leur adrénaline afin d’obtenir la clairvoyance et le rythme cardiaque nécessaires pour un tir réussi.

Un truc inhumain, quoi.

Je mesurais, en décembre, l’ampleur des attentes concernant Martin Fourcade ; les commentateurs avaient du mal à envisager un éventuel échec. L’athlète portait tout simplement le tampon bleu blanc rouge sur les fesses, une marque française à défendre pour marteler sa domination sur le ski mondial. Lorsque Martin n’atteignait pas le niveau de performance escompté, il le justifiait d’une phrase presque désinvolte sur la vitrine d’un réseau social bien connu ; « un week end à oublier ». Z’inquiétez pas, les gars, Martin Fourcade sera le meilleur la prochaine fois. Il n’a pas tellement le choix, pour une fois que la France est à peu près persuadée de son autorité dans un domaine sportif (quoi, je suis mauvaise ? ).

Dans le genre exceptionnel j'ai envie de vous dire qu'on fait pas mieux.
Dans le genre exceptionnel j’ai envie de vous dire… on fait pas mieux.

Il y eut, le mois dernier, un instant clé entre Martin et moi (ma télé et moi, pour tout vous dire, mais qu’importe) ; à l’occasion d’une poursuite, pendant laquelle notre ami commun prenait un certain temps avant de s’approcher de ses rivaux, le jeune Fourcade se tenait debout sur le pas de tir, pour un instant plus ou moins décisif. Du genre capital. Ou de-la-mort-qui-tue. Il doit exister un certain nombre de choix stratégiques face à cette situation ; tirer vite et mal, tirer lentement et bien, ou encore, tirer vite et bien. Etant donnée la dizaine de kilomètres déjà parcourue à vive allure par nos amis moulés, il doit être difficile de concilier l’efficacité, la vitesse et la précision avec une arme une fois à l’arrêt.

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Martin se tenait debout, échappait sa première balle en pleine cible, et puis laissait s’écouler un temps infiniment long entre les suivantes. Un temps pendant lequel j’apercevais ses rivaux tirer plus rapidement, derrière lui, pour manquer leurs cibles, quelques fois. Mais pas toujours. Aussi, lorsque Martin reprenait son souffle avant de recoller son œil dans le viseur, ma pompe à stress palpitait quelque peu. Après avoir finalement conclu vingt tirs réussis sur vingt, Martin Fourcade terminait sa course en bon premier.

Peu importait, finalement ; j’avais vécu l’un de ces instants de sport bien uniques, extrêmement beaux parce que particulièrement éreintants pour un spectateur en attente. Cet état de vulnérabilité chimiquement partagé entre les commentateurs, les spectateurs et le sportif fantasmé vaut plus que sa résolution.

J’avais vécu l’un de ces mêmes instants qui me font aimer un sportif de manière parfaitement irrationnelle,  m’arrachant une admiration qui ne se soumet à aucune mesure.

Une chronique presque exclusivement sportive, donc, c’est Martin qui en serait content.

Gros bisou.
*oups*

bisou martin

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Le rugbyman qui court vite.

En guise d’introduction, je tiens à signaler que vous n’imaginez pas le nombre de paires de fesses de rugbymen que j’ai dû voir en cherchant simplement des images sympas pour illustrer cette chronique.

Je vous invite donc simplement à taper « rugby photos insolites » sur google images.

Ok, ok, je choisis un joueur, mais c’est aussi une excuse pour parler de rugby. J’avoue que je ne connais pas très bien Hughy, mais j’ai quand même eu l’occasion de remarquer qu’il était fréquemment sélectionné dans les rangs du XV de France, puisque je reconnaissais sa chevelure chatoyante à chaque fois que je regardais un match de l’équipe de France ces quatre dernières années. Nous évoquerons donc le talentueux Yoann Huget.

Que je dépeins ici pour ses qualités sportives, merde.
Que je dépeins ici pour ses qualités sportives, merde.

Je ne suis pas une téléspectatrice extrêmement assidue du rugby, notamment au niveau national. Il m’est même impossible de donner avec certitude les clubs dans lesquels joue chaque joueur de l’équipe de France. En revanche, je me souviens bien avoir vu les Toulonnais remporter la coupe du top 14, et reconnu Bastareaud aux côtés de Kikison. Et oui, c’est bête, la groupitude, surtout envers un Anglais qu’on a maudit dans tous les matches des Coqs contre la Rose.

Mais ne parlons pas de Kikison. Ni de Bastareaud ; j’aime pas son poste. Je ne connais pas le nom de son poste, je sais simplement qu’il remplit un rôle de bélier, et que ça m’agace de le voir foncer dans le tas. Mais bon, l’a pô l’choix.

En fouillant un petit peu sur l’internet, j’ai compris plusieurs choses ; j’aimais Yoann Huget comme joueur de l’équipe de France car il était rapide. Et puis il brillait forcément par ses actions, puisque son rôle était de finir les essais. Simplement, je ne m’en rendais pas forcément compte. Et puis j’ai compris qu’il était ailier, et que c’était tout simplement son rôle ; courir vite, et finir l’action offensive mise en place par ses petits camarades. Si c’est pas le rôle le plus coul de l’univers, ça…

Bitch I'm fabulous
Bitch I’m fabulous

Forcément, en cherchant un peu, je suis également tombée sur un sympathique petit panel d’articles dénonçant ses diverses sanctions, pour non présentation au contrôle anti-dopage, ou autres motifs où le mot dopage apparaît de toute façon.

Entre nous, pour que les rugbymen aient cette allure, c’est qu’il y a forcément un truc pas naturel dans leur corps.

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Quoi j’exagère ?

 

Je suis allée voir un match opposant la France à l’Irlande à l’occasion du tournoi des six nations en 2011, au stade de France. Et je peux assurer que je n’aurais pas fait le déplacement pour du football, même en coupe du monde. Pourtant, je n’y connais à peu près rien au rugby, et lorsque je regarde un match, je le nourris de commentaires constructifs pour mon père, assis à côté de moi ;

« Son protège-dents est moche en rouge »

« Il lui a mis sa main dans le… pendant le placage »

« Avec sa touffe et sa barbe on dirait un gros hipster »

« Son casque ça lui fait des choupinous ridicules »

« Kockott c’est pas jojo comme nom »

Heureusement, ça n’est pas difficile de comprendre le rugby, une fois que les règles de base sont devenues des automatismes. Il est vrai que si on ignore la raison pour laquelle l’arbitre donne un coup de sifflet, c’est carrément chiant ; heureusement qu’on a un daddy pour nous éclairer sur certaines subtilités. Il suffit simplement de dire « y’a un en-avant », et les trois quarts du temps, ça marche.

Ca on peut deviner que normalement, ça s'fait pas.
Ca on peut deviner que normalement, ça s’fait pas.

Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais pu revivre les sensations éprouvées à l’occasion de ce match ; pas seulement par l’atmosphère naturellement galvanisante du sport en direct décrite dans le Journal des humeurs, mais avant tout parce que c’était du rugby.

Il s’agit d’un sport épique qui m’impressionne, dans lequel le collectif n’est pas seulement symbolique, mais bien incarné dans la chair, et dans l’impact physique. On se frotte à l’adversaire pour de vrai, dans une gestuelle mythique codifiée. Je veux dire, l’acte même du placage, c’est un peu le geste héroïque par excellence, un genre de sacrifice défensif. On se roule dans la boue, pour jouer au rugby, on se traîne sur le gazon, on se laisse porter, pousser, percuter par ses coéquipiers… Bon, en fait, il faut être complètement malade pour faire du rugby. C’est pour ça qu’j’les aime bien.

De plus, comme la discipline de la boxe, je n’imagine pas d’autres profils que des symboles de vertu en ce qui concerne la non-violence pour pratiquer ce sport.

Pourtant, ils se mettent souvent sur la tronche, pendant les matches. Le petit paquet se défait lorsque le sifflet retentit, et puis, on distingue un accrochage entre deux joueurs, très vite rejoints par les capitaines, et puis par tous les autres. Mais ça ne finit jamais en vrai combat. C’est seulement du coup de pectoraux accompagné de cris gutturaux dissuasifs. Il faut forcément se respecter mutuellement pour accepter qu’un adversaire te fasse un presque attouchement pendant la libération d’un ballon.

Intimité : 0
Intimité : 0
Coucou
C’est moi ou les positions gênantes impliquent toujours des Australiens ?

Enfin, depuis qu’ils se sont ramassés en Australie, je dois dire que la nouvelle composition du XV de France m’intrigue, parce qu’elle dispose encore de toutes ses imperfections de bébé team, qui laissent à croire à toutes ses potentialités.

Recoucou
Coucou

Tant qu’ils oublient un peu Bastareaud sur le banc…

Héhé.

J’aimerais tellement qu’on m’explique tout au rugby.

Yoann, si tu m’entends.

Et bien embrasse ta femme.

yoyo clin d'oeil

 

 


 

Le tennisman qui perd.

Si l’on choisit de supporter l’équipe qui gagne trop facilement, la victoire n’est plus si savoureuse. Le choix facile n’est pas sexy, ce qui l’est, en revanche, c’est l’aura quasi mystique entourant le tennisman en passe de perdre un match important. Quel est son état d’esprit dans ces moments-là, est-ce qu’il perd au mental, ou parce qu’il est blessé ? Il faut entendre ces derniers mots avec la voix de la doublure française d’une actrice de film de lycéennes américaines.

Peut-être parce qu’il est embaumé de cette odeur si particulière de [la transpiration et du jus de chaussettes] la louse fatale, dans le sens « décidée par les Dieux », histoire de ne pas trop exagérer, Richard Gasquet est l’incarnation de ce charisme sexuel, pour lequel je me suis levée le matin au mois de juin. Pensant que son premier match était à dix heures. Ce qui est stupide, évidemment, je ne crois pas qu’un seul match individuel, homme ou femme, ait été programmé avant midi à Roland Garros. Bon, du coup, je suis allée me faire bronzer en attendant quinze heures, finalement.

Mais revenons à Richard, s’il-vous-plaît.

Je ne m’intéresse au tennis que depuis deux ans, après avoir suivi le match de Gasquet contre Wawrinka, aux huitièmes de Roland Garros en 2013. Il portait un t-shirt Lacoste rouge, Wawrinka était en bleu, et le match avait duré quatre heures. Un marathon haletant ; Richardounet allait vers une défaite en cinq sets tandis qu’il avait cuisiné Wawi dans les deux premiers. J’étais complètement prise, et détestais volontiers Wawi, presque autant que Voldemort lorsqu’il assassine Rogue, comme s’il n’était pas le personnage torturé le plus attachant de toute la saga. Putain.

Toujours bien classé au moment du tournoi français du grand chelem cette année, j’étais persuadée d’avoir l’occasion de le voir arriver aux huitièmes. Et peut-être même aux quarts. Que nenni. Richard sortait d’une convalescence, et ce temps d’arrêt ne pardonne pas dans leur monde extraterrestre. Enfin ça, c’est un peu le condensé de ce que j’ai lu dans les interviews ensuite (c’est fou ce qu’elles sont pas originales, les interviews de sportifs. Et c’qu’elles sont truffées de fautes d’orthographes aussi, du moins sur l’internet).

Si j’essaye d’élaborer l’exposé power-pointé des raisons pour lesquelles Gasquet me fait l’effet d’une tornade culottale, je tenterais de le résumer ainsi ; s’il n’est plus dans le top 20 des meilleurs joueurs mondiaux, il n’en est vraiment pas loin, et il était encore le meilleur joueur français au commencement du tournoi de Roland Garros cette année. Un tel niveau m’arrache un peu (genre « un peu », parce que j’suis trop détachée, toussa) d’admiration, mais pas que. Richard Gasquet incarne son rôle de grand sportif par son attitude sur le terrain. Il est avare en émotion, ce n’est pas un joueur explosif, impulsif, expressif et plein d’autres trucs en if ; il se tient bien droit, fait scolairement rebondir sa balle avant de servir, et n’a pas de réaction outrée, même lorsqu’une balle atterrit sur le terrain au beau milieu d’un match (balancée par Teddy Riner pendant une interview depuis la plate-forme occupée par l’équipe de France télévision). Si l’on est d’accord, tous ensemble, main dans la main, pour affirmer que le monde du sport de haut niveau est peuplé d’aliens à l’égo sur-dimensionné, dont le comportement sur-compétitif a été dopé depuis toujours à grands coups d’arrache-enfance, alors je peux vous faire comprendre les attraits de ce joueur, plutôt discret, plutôt irréprochable, plutôt modèle (that escalated quickly), bref, plutôt maître du monde. Même s’il vit en Suisse et sort avec des tops modèles à forte poitrine (quoi, qui a fait une recherche sur google images?).

Et ce sont ses défaites qui l’ont dévoilé à moi. Même lorsqu’il remporte un match de la plus belle des manières en coupe Davis, seul et en double, ça ne me fait pas le même effet.

Ne sont-ce pas les défaites qui donnent à un joueur toute sa dimension mythique ? Quoi ? Yannick Noah a gagné ? Mais avant ça, il a pas perdu des trucs ?

Puis ça va hein, qui n’a jamais eu le fantasme d’aller consoler un sportif professionnel dans les vestiaires après une défaite.

J’arrive Richard.

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Gasquet content.
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Gasquet classe même avec une balle de tennis collée sur la tête.
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Gasquet pensif.

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