Les Pouvoirs du n’importe quoi et de l’imagination.

Il est difficile d’annoncer avec certitude que nous sommes tous prompts à expliquer certains comportements que l’on ne comprend pas avec des raisons irrationnelles, que nous allons chercher dans notre tête et non dans les faits. Cette tendance pathologique à ne pas réclamer de compte aboutit naturellement à des conclusions souvent fausses et fréquemment ridicules.

En l’espace d’une demi heure, j’ai appris quelque chose de simplement déprimant, et puis ensuite cette même chose s’est transformée en quelque chose de bien, et maintenant, quelques heures plus tard, je ne sais même plus de quelle nature est cette information.

Cette situation est suffisamment déconcertante pour ne pas être explicitée davantage.

Votre Orgueil et Préjugés ainsi que votre Monsieur Darcy, Félix ou autre connerie du genre ne tiennent peut-être pas toutes leurs promesses parce que :

  1. Tout ceci est tiré du délire d’une déséquilibrée émotionnelle cherchant désespérément à rationaliser une situation que n’importe quelle autre vingtenaire normalement constituée aurait identifiée de la seule façon qu’il est possible de l’envisager ; Félix Darcy n’est qu’un jeune homme rencontré à un moment M qui s’est éteint, et il ne communique plus car il a rencontré une Félix bien à lui, ailleurs, à un autre moment M².

Si vous rencontrez quelqu’un qui ne donne petit à petit plus de nouvelles, ne tentez pas d’y voir un test afin que vous lui couriez après, ou ne le justifiez pas par une timidité quelconque ou par un Monsieur Darcy ; il a tout simplement quelqu’un d’autre, que vous ne connaîtrez jamais, et qui sera à jamais symbolisée par une blonde à forte poitrine.

L’imagination est parfois un baume pour l’orgueil, mais surtout des rondelles de courgette sur les yeux. Enfin je crois qu’c’sont des rondelles de concombre qu’on est censé mettre sur les yeux. Peu importe, les enfants. Épargnons nous un mois de galère inutile et admettons l’inévitable, cela nous permettra peut-être d’élaborer d’autres projets que les remises en question existentielles.

Le n’importe quoi est un tout irresponsable et stupide, dans sa négation il admet une infinité de possibilités. L’imagination est un n’importe quoi très intime, qui ne définit pas ce que l’on est, mais ce qu’on voudrait ou ne voudrait surtout pas être, faire, sentir, manger, subir, voir, aimer, détester. Il y a l’imagination volontaire et l’involontaire, celle qui nous construit les fantasmes avant de s’endormir le soir et celle qui prend la forme d’un acte honteux que l’on aurait pu faire. L’imagination a le pouvoir de création et de destruction, du grand n’importe quoi à l’état pur, je vous dis. Elle provoque dans notre sainte cervelle des réactions émotives si contrastées qu’il est impossible de l’associer à quelque chose de bien ou mal ;

le n’importe quoi n’appartient à rien si ce n’est à tout le reste.