La Pas tendance mode du moment,

Se dépoiler.

Ce blog deviendra prochainement une usine à jeux de mots plus ou moins vaseux. Ce dernier, qui fait office de titre, est inévitable tant il est à propos, m’voyez.

Cet été, la mode montre tout. Sans aller jusqu’à la récente campagne de communication des Galeries Lafayette. Hormis chez les tounistes.

Récemment, nous tenions, ma cousine et moi-même, une conversation inspirée au Gin Tonic concernant l’habit d’Eve. Comme il serait plus simple, dans notre quotidien, de se mettre à poil sous ce temps de canicule, histoire de se tremper le bibi dans la fontaine près du canal de l’Ourcq, comme le faisaient, sans vergogne, des enfants au même instant. Vivre une nudité à son état naturel, organique et dépourvu de sexualité, uniquement pratico-pratique. Être nu sans que l’on juge cet état démonstratif.

Cette année, la mode montre les nombrils. Les tops se sont raccourcis, les mailles sont plus lâches, les tissus sont transparents, les shorts se hissent plus haut sur les hanches pour découvrir un peu plus les cuisses. Si l’on ne voit pas des boobs, on n’en voit pas moins des soutifs et pectoraux, si l’on ne voit pas des fesses, on en voit le début du sourire.

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Lorsque l’on sillonnait les allées des magasins, avec des amies, deux d’entre elles ont tiré d’un cintre l’un de ces demi t-shirts pour le moquer, et s’en indigner quelque peu. Haussement d’épaule, je trouve ça plutôt joli, et le leur dis. Scepticisme du sourcil en guise de réponse. La gêne de montrer son ventre anime la suite de la conversation, rapidement évacuée par un autre sujet.

La question est la suivante : à qui s’adresse cette mode ? Doit-on seulement être à l’aise avec son corps pour arborer ce style vestimentaire, ou bien à l’aise avec ce que les autres pensent de son propre corps ?

Dans un semi coma sur une plage de Bretagne quelques jours avant cela, nous arborions, ma cousine et moi, des maillots de bain deux pièces, comme la plupart des femmes. La baignade n’a d’autre mode que le tissu léger et pratique, de rigueur pour sentir le plaisir d’être dans l’eau. L’habit est convenu, et même si la plage représente l’un de ces lieux de spectacle involontaires, on se fout certainement plus volontiers de se vêtir si peu à la plage que n’importe où ailleurs. Tous dans le même bateau. Si l’on ne se pointe pas directement en maillot de bain, on raccourcit nettement les habits qui nous enveloppent lorsque nous sommes en vacances. Naturellement, on ne se sent pas jugé, c’est admis, partagé – un bien commun.

Cet été, la mode semblerait déplacer cette tendance vestimentaire dans une scénographie toute autre, qui peut paraître inappropriée pour certains : la rue. Si cette dernière admet des mollets, débuts de cuisse et même certains décolletés, il paraît nettement moins évident d’y exposer son ventre. La transparence paraît plus admise, plus accessible. Mais alors, qu’avons-nous donc avec nos nombrils ? Incarneraient-ils un nouvel épicentre de sensualité ? Ou bien rencontrons-nous seulement plus de complexes à dévoiler ce que nous prenons souvent comme l’indicateur de notre masse corporelle ?

Endossée par une actrice, dans un contexte fictionnel, la mode du nombril paraît presque naturelle.
Endossée par une actrice, dans un contexte fictionnel, la mode du nombril paraît presque naturelle.

Le ventre, complexe physique intemporel ? Au centre de la mode cet été ? Alors, il s’agit bien là d’une pas tendance mode, exclusive, tout comme l’ensemble de cette saison défringueuse que certain(e)s ont du mal à affronter, n’en déplaise aux campagnes de publicité qui tentent, maladroitement, de nous décomplexer. Tant que les mannequins « plus size » – comme certains disent – seront distingué(e)s comme tel(le)s, il en sera toujours ainsi.


 

L’hiver ou le meurtrieur de sexe appeal.

Nous connaissons les phrases types de l’hiver. On deviendrait gris, moche, sale, fermé ; on serait fatigué, irritable, vert, plein d’écailles, et on ne sentirait pas bon. Autant vous dire que l’arrivée de la fin du mois d’octobre signe plus ou moins la mise en sommeil du sexe appeal poreux des beaux jours, de quand on y voit de la chair, des paires de jambes et des mollets tout durs.

L’hiver constitue en soi une pas tendance mode sur bien des aspects, qui méritent d’être soulignés puisqu’ils peuvent être évités. Il est donc envisageable d’aborder un hiver vestimentaire serein, si l’on s’accorde à éviter ces fashion faux pas, comme dirait Christina-j’ai-des-boucles-d’oreilles-qui-font-la-taille-d’une-pièce-de-boucher. Je fais donc la liste plus ou moins justifiée de ces pas-tendance-modes de l’hiver.

  • La Doudoune papier-peint. En fait, la doudoune tout court. A l’occasion de quelques aller-retours shoppingesques, j’ai été stupéfaite de découvrir l’ampleur des stands de doudounes offerts par les magasins de prêt à porter – manteaux Michelin arborant qui plus est toutes sortes d’imprimés. Mais ce n’est pas tout ; ce tissu doudoune effet duvet sarcophage envahit d’autres pièces, notamment les t-shirts, et pire encore, les jupes.
    Pourquoi cette guerrilla contre le manteau qui fait pneu ? Court, il donne un rendu boudiné et amplifie notre volume ; long, il gomme toute la silhouette, et puis surtout, c’est super moche, quoi. Quelle que soit sa taille, la doudoune arbore un tissu un peu grossier, souvent trop brillant.doudounes imprimes

    Je porterai volontiers une doudoune au ski, pour me tenir bien chaud ; en attendant, cette pièce reste l’arme de destruction massive de sexe appeal prioritaire de l’hiver. C’est drôle, j’ai presque eu du mal à trouver des exemples suffisamment effrayants de doudounes moches sur les sites internet de marques diverses et connues. On pourrait presque croire qu’ils ont honte (parce que de vous à moi, « manteau matelassé » n’est qu’un synonyme pour ne pas nommer le-vêtement-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom).doudoune totale

  • Le Col roulé de toutes les couleurs, et la superposition abusive. Nos petits organismes fragiles, afin de résister aux températures extrêmes descendant presque jusqu’à 3 l’après-midi, s’appliquent naturellement à multiplier les couches pour se couvrir. Si la superposition a du bon lorsqu’elle est équilibrée, d’une couche à l’autre, mais aussi du haut vers le bas, elle devient rapidement un crimier de la silhouette. Nous nous appliquons fréquemment à faire du col roulé la première couche de cette architecture vestimentaire hivernale ; or, ce col n’est pas adapté à toutes les morphologies. Si on n’a pas de tête, par exemple, on optera peut-être pour autre chose. Pour le porter, il vaut mieux arborer soutien-gorge adapté, notamment pour les poitrines généreuses (les gros nénés, quoi) car, si le col roulé ne laisse rien dépasser question chair, c’est une pièce moulante ; il faut donc soigner ses formes. Mais vous l’avez deviné, je ne suis pas fane du col roulé – je n’en peux plus de répéter ce mot – du moins je ne le suis plus, étant donné que je porte des maxi boobs, et puis surtout parce que j’en avais ras le bibi de me sentir toute serrée, étouffée par nos amis cacheurs de cous. Figurez-vous donc par-dessus ça un sous-pull et un pull, de couleurs différentes, en lainage steak hâché, ou pire encore, imaginez un pull avec un col roulé par-dessus le col roulé, et alors vous aurez devant vous le jambon le mieux emmailloté du monde.

    Forcément. Je vote même pas pour la bi teu cheu.
    Forcément. Je vote même pas pour la bi teu cheu.
  • Les accessoires sur-enfantins. S’il est difficile aujourd’hui de trouver un bonnet en laine qui ne soit pas pourvu d’oreilles d’animaux divers, je ne trouve pas de circonstances atténuantes légitimant les goûts des adeptes de cache-oreilles à poils longs rose, ni ceux des admirateurs d’accessoires d’hiver typiquement kawaïs, mais pas que. Les bottes de pluie, à poils longs, les bonnets à visière, les pulls avec des cerfs cousus dessus… tant d’artifices kikou-lols viennent orner nos vêtements hivernaux, comme si la saison jugée triste l’était suffisamment pour justifier une infantilisation générale. Ca va qu’on passe pas d’entretiens d’embauche au mois de décembre avec un bonnet Totoro et une écharpe en pompons. Gardons nos fantaisies pour les pyjamas et les chaussons, là où seuls nos intimes alliés peuvent nous voir sans trop nous juger.

    Si tu n'as froid qu'au front, si tu veux mettre tes pieds dans les chutes de cheveux de Claudia Schiffer, si tu te sens sexy avec un lapinou géant sur la tête, tu trouveras ton bonheur.
    Si tu n’as froid qu’au front, si tu veux mettre tes pieds dans les chutes de cheveux de Claudia Schiffer, si tu te sens sexy avec un lapinou géant sur la tête, tu trouveras ton bonheur.

 


 

LA CURIOSITE DU MAGAZINE DE MODE FEMININ : retour sur les t-shirts avec des trucs imprimés dessus.

 

J’ai reçu, hier, mon magazine mensuel intellectuel ; il s’agit de Be, que j’ai déjà mentionné à l’occasion de l’article sur les minis boobs. Aujourd’hui, un petit article m’a fait sourire ; il fait écho à la première « Pas tendance mode » écrite au mois d’octobre, aussi, il m’a semblé logique de le rapporter ici. 

Be n°154, Janvier-Février, « Le Retour du bâton », p.42 :

(L’article consiste à plaider en faveur des typographies simplistes imprimées sur les vêtements, injustement moquées par les « Hipsters »)

 » Sans décorum ni artifice créatif, ces messages une fois brodés / imprimés / floqués en toutes lettres sur un sweat ou un bonnet touchent en plein coeur. Simples et discrets, ils accompagnent toute la journée celui qui les porte, telle une incantation magique, tantôt revendicatrice, tantôt prémonitoire.

Histoire de se choisir une appartenance et de rever à l’essentiel.

Plus fort qu’une punchline sur Twitter, non ? « 

Que dire, que dire… Voilà ce à quoi ressemblait mon pc il y a quelques minutes :

tshirts

Voilà, vous avez l’incarnation par la mode des incantations magiques censées sonder la profondeur de nos êtres. Ces t-shirts correspondent à ce qu’on trouve actuellement dans les prêt-à-porter ; sont concernés par ces images Zara, Cache-Cache et Promod. 

Je tiens à dire qu’on a le droit d’aimer ça.

Mais qu’on vienne pas m’dire qu’il s’agit de messages engagés et personnels.


 

Le combo jambiste.

Ce sous-titre ne veut rien dire, soit, et ne décrit absolument pas les éléments que je vais aborder ensuite. J’aimerais dire que c’est fait exprès. Alors, c’est fait exprès.

En fait, il m’était impossible de faire un choix entre, selon moi, deux curiosités de la mode, que l’on voit à peu près partout depuis une cinquaine d’années. Si, ce mot existe. Et puis j’ai finalement réalisé que ces deux là allaient fréquemment ensemble, et que l’un était peut-être même le pendant de l’autre ; il faut dire que le legging / baskets compensées sont faits pour s’entendre.

J’ignore si la raison pour laquelle le prêt-à-porter s’est borné à ajouter des talons aux baskets est de nous rendre chic à tout instant, mais j’aime autant dire de suite que les baskets plates le sont selon moi nettement plus. A quoi bon dépouiller ces chaussures de leur sens et de leur raison d’être ? Et pourquoi les chaussures à talon auraient-elles le monopole de la classe ? Quand je fais le choix d’enfiler une paire de fausses converses à deux euros, c’est avant tout la conclusion d’une réflexion simple ; je veux être à plat. Ce qui n’induit pas forcément que je décide d’avoir l’air négligé.

SI JE SUIS ELEGANTE
SI JE SUIS ELEGANTE

 

La dictature du talon a bien fait son travail en investissant le territoire du confort ; et si deux choses à première vue antinomiques ont autant fonctionné, alors il n’est pas étonnant de voir les paires de jambes au bout desquelles trônent les baskets compensées s’orner de motifs léopard sur un délicieux legging. C’est très simple : extrêmement bien foutue ou pas, le legging me fait l’effet d’un filet de jambon, tellement moulant qu’on en verrait tes capitons. Non pas que je m’oppose à la liberté de chacun d’arborer une espèce de collant qui laisse deviner la couleur et le tissu de son string, c’est simplement que je n’en comprends pas l’intérêt esthétique.

J'ai sûrement l'ouverture d'esprit d'une huître mais avoir Mona Lisa sur les cuisses, c'est pas mon truc.
J’ai sûrement l’ouverture d’esprit d’une huître mais avoir Mona Lisa sur les cuisses, c’est pas mon truc.

Et si l’on décide simplement de partir du principe que les porteuses de legging s’en contre-foutent de l’esthétique et du regard des autres, alors je remettrai seulement en cause l’intérêt pratique même du legging. Il colle au cul, il est trop léger en hiver, trop chaud en été, et il scie la taille. Bref, il te bousille très vite la silhouette. Si les baskets compensées sont le compromis de la classe décontractée, alors son association avec le legging doit forcément faire sens ; mais le legging n’est pas vraiment l’incarnation vestimentaire de la classe, plutôt de la facilité.

Tout ceci m’amène finalement à l’hypothèse suivante ; on a inventé les leggings, mais avec des baskets plates, ça faisait trop banal. Trop décontracté. Alors on a inventé les baskets compensées.

Tout le monde regarde la télé dans cette position avec les chaussures de C3PO
Tout le monde regarde la télé dans cette position avec les chaussures de C3PO

Tragédie des années 2000.

Sans titre

 


 

 

Les t-shirts avec « awesome » écrit dessus.

Avec ça, au moins, j'suis sûre que tout l'monde est au courant.
Avec ça, au moins, j’suis sûre que tout l’monde est au courant.

En une journée, pendant laquelle j’ai finalement passé sept heures uniquement en dehors de mon (micro-mais-trop-choupi) chez moi, j’ai vu trois ou quatre de ces t-shirts. Je ne vous le cache pas, l’étrange tradition vestimentaire consistant à afficher d’énormes mots anglais ou autres chiffres significatifs sur le torse m’agace un petit peu. C’est vrai, pourquoi avoir un énorme « 66 STREET AVENUE YEAH YOU MÊME YOU KNOW » inscrit sur les boobs, si on ne sait finalement même pas ce que ça signifie ? En fait, je ne trouve même pas ça beau. Qu’on soit d’accord, j’ai moi-même possédé ce genre de t-shirts, surtout au collège. Ceux vendus par Jennyfer étaient complètement in, aussi affichait-on toutes fièrement un certain nombre (quatre ou cinq, en gros) de phrases spirituelles telles que « Fane de toi ! » ou encore « 100% blonde ! ». Toi aussi, tu te souviens de ces t-shirts monochromes ?

Mais voilà, aujourd’hui, le mot anglais à la mode, c’est « awesome », synonyme de coulitude suprême, fréquemment utilisé dans les séries américaines branchées qu’on regarde en version originale sous-titrée anglais parce que c’est encore plus branché. Alors il est partout, de toutes les couleurs, dans tous les caractères, comme si l’ « awesomitude » avait besoin d’être préalablement annoncée sur ta poitrine, tandis que personne n’a demandé quoi que ce soit.

Je suis de mauvaise foi ; je ne crois pas réellement que ce genre de t-shirt soit acheté dans le but d’affirmer sa coulitude. Mais alors, pourquoi les achète-t-on ? Et pourquoi aujourd’hui, je n’ai pas eu envie de faire la conversation avec une fille arborant ce haut ?

 

Préjugés.

 

Et puis si on ne souhaite pas afficher publiquement son aura d’awesometitude, on peut toujours porter sa liste de courses.

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4 réflexions sur “La Pas tendance mode du moment,

  1. Thomas

    Kikoo.

    Tu t’en doutais, pas du tout d’accord avec toi sur le dernier paragraphe (les bonnets oreilles que tu n’as pas osé expressément nommer) !
    Je ne saurai pas expliquer comment ni pourquoi quel charme s’opère, mais je trouve ça cool : c’est justement le côté « kawai » qui attire le regard et rend très sympa. Autant si en été une fille avec un vêtement kawai me laisserai je pense indifférent, en hiver ça prend tout son sens et son charme (sans que ce soit exagéré bien sûr).
    Je pense que tu me connais assez bien pour dire que ce n’est pourtant pas le genre de truc qui m’attire (le kawai), mais juste une touche très légère permet d’égayer un peu un hiver cacatesque !

    PS : grillé pour la référence bridget jones.

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    1. Chacun ses goûts, chacun son chemin comme on dit. Je suis une rabat joie qui n’aime pas les hivers animaliers, mais ça m’étonne pas c’que tu dis là, tu me conseillais de prendre des écharpes poilues pendant les soldes.

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