The Ex institution.

A chaque type d’ex son type d’histoire un peu merdique post-rupture. Max et Lili en diraient une chose : ainsi va la vie. Mais l’on peut déjà tous s’accorder sur le simple fait que l’industrie des ex reste certainement l’une des plus vicieuses jamais référencées sur cette planète.

Bien sûr, la catégorie d’ex dépend naturellement de la catégorie de rupture dont il découle, parmi les schémas classiques offerts par la Fédération Française de Ruptologie ; tromperie, géographie, désamour, autre amour ou encore haleine matinale. Bien sûr, il y a la rupture cordiale et d’un commun accord, contrairement à sa cousine, la rupture cinglante parce qu’inattendue, à l’occasion d’un bel après-midi dominical ou le jour de votre anniversaire.

Mais ce que je crains devoir dénoncer ici ne pourrait finalement s’appliquer qu’aux cas de rupture à-peu-près-cordiales, quoique, pas complètement.

Il s’agit d’une attitude volontariste, qui dépasse notre pensée par une parole un peu maladroite et vaseuse, qui consiste en une toute petite phrase…

« On restera en contact. On peut rester amis ».

You're so screwed
You’re so screwed

Il existe peut-être une relation au monde qui, après l’évènement récent qui me concerne, me paraisse tout à coup contre-nature ; l’amitié avec un ex. Pour diverses raisons listées ici selon leur ordre de pertinence :

  1. La compèt’ de celui-qui-sera-le-plus-heureux-sentimentalement-parce-que-finalement-sans-toi-je-vais-vachement-trop-bien. Si l’amitié a pour fondement essentiel le souci du bien être de l’autre sans le comparer au sien, ni même s’en soucier, alors la course à l’épanouissement le plus rapide entre deux ex est par essence anti-amicale.
  2. La nouvelle (le nouveau) nous. Parce que si l’on est ami avec son ex, on sera fatalement conduit à rencontrer sa (son) nouvelle (nouveau) chérie (chéri), et l’on devra prétendre qu’on n’a ni vu ni fait quoi que ce soit de la kikoune avec laquelle il ou elle jouera le soir même. Et je ne peux personnellement pas entretenir une conversation sur mes goûts musicaux avec ces images mentales devant la fille concernée. Et me demander en boucle si elle aussi, elle a remarqué qu’elle penchait vers la droite.
  3. Les références conjugales. Si la relation a été suffisamment longue, l’ex en question connaît un répertoire de choses extrêmement honteuses, intimes, vous concernant. Plus encore ; vous croulez sous un réseau de souvenirs, références, goûts partagés pendant longtemps, auxquels vous serez naturellement tentés de faire allusion en sa présence. Et si l’on entend en soirée la chanson sur laquelle vous aviez, que sais-je, expérimenté une nouvelle curiosité sexuelle, alors une atmosphère parfaitement embarrassante ou du moins contre-nature viendra tranquillement s’installer autour de vous. Le genre de situation dont je n’ai pas besoin de prouver l’absence en cas d’amitié  »traditionnelle ».
  4. Le nouveau lui (ou elle). Parce que l’ensemble des règles précédentes double leurs conséquences face à votre éventuel nouveau crush, devant lequel vous devrez en permanence vous justifier en cas de situations compromettantes, comme la fois où votre ex vous a sauvé la vie avant lui parce qu’il connaissait votre allergie aux fruits exotiques.

Et puis avoir les nouvelles d’un ex, c’est en avoir de sa famille, des lieux et des gens qu’il fréquente.

Ceux à qui nous appartenions pendant longtemps, et dont on ne pourra jamais faire le micro-deuil post-rupture essentiel si l’on se convainc d’être restés amis, et donc, si l’on se convainc qu’il est encore possible d’en faire partie.

Et puis c’est déjà suffisamment déconcertant d’être l’ex-quelqu’un et quelque chose de quelqu’un d’autre. Si, après ça, on pouvait éviter de devenir en plus l’ami(e) ex ou l’ex ami(e), ça serait vraiment chouette.

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